[App] L’affaire du Mediator racontée à ceux qui ont loupé le début
Rue89 et OWNI ont développé une application interactive qui retrace l'histoire du Mediator. Avec « Autopsie d'un tueur », visualisez tout ce qui a bugué.
Stupéfaits. Même ceux qui sont au plus près du dossier n’en reviennent toujours pas de ce qu’ils ont découvert dans le rapport d’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) rendu le 15 janvier. Sans mâcher ses mots, il dépeint la faillite d’un système. Celui qui consiste normalement à autoriser et rembourser des médicaments utiles et pas dangereux, à surveiller ses effets secondaires et à les retirer si besoin.
Le fait que le Mediator soit resté sur le marché pendant 35 ans alors qu’il n’aurait jamais du être autorisé et qu’il ait fait des centaines, voire des milliers de victimes, n’est pas un scandale isolé. D’abord parce qu’il n’est pas le premier du genre. Ensuite parce que les enseignements du passé n’ont pas été tirés. Servier a réussi à « anesthésier » les acteurs de la chaîne du médicament, écrit l’IGAS, ce qui fait que « le doute profite à la firme, pas au malade ».
« Une bureaucratie sanitaire »
Premier sur le banc des accusés, le laboratoire qui devra répondre devant la justice de « tromperie aggravée » et « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais derrière, ce sont tous les experts employés tantôt par l’administration tantôt par les labos qui sont en cause.
L’Afssaps est apparue comme une bureaucratie sanitaire, où personne n’a pu avoir un raisonnement pharmacologique clairvoyant. Une structure lourde, lente, peu réactive, figée”, écrit encore l’IGAS.
Aujourd’hui, les uns et les autres, vont déplorer ce qui aurait du être fait, comme le professeur Jean-Michel Alexandre, ancien directeur de l’évaluation de l’Afssaps, qui déclare devant la mission d’information de l’Assemblée nationale que pour le Mediator, « l’efficacité n’a jamais été suffisamment prouvée » et estime que les mises sur le marché datant d’avant les commissions d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en 1978 manquent de crédibilité ».
Peut-être, mais une fois sur le marché, il aura fallu attendre des décennies pour que les preuves, certaines, de la dangerosité du Mediator soient établies et qu’enfin le médicament soit interdit.
Entre temps, cinq millions de personnes en ont consommé. L’administration ne s’est donné aucun moyen de suivre les effets secondaires relatés, et la peur d’éventuels contentieux a conduit chaque responsable du système à préférer laisser le médicament sur le marché.
Comment cela a-t-il été possible ? Notre application revient sur toutes les étapes et vous aide à imaginer ce qui doit être réformé.
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