[ITW] Davy, fondateur de Rewind : la nuit lui appartient

Le 29 octobre 2010

Plongée au coeur de la nuit parisienne festive et inventive avec Davy, fondateur de Rewind, qui organise des soirées remarquées. Florian Pittion-Rossillon a rencontré le futur homme de vos nuits.

Florian Pittion-Rossillon tient le blog Culture DJ, sur lequel il parle de la vie nocturne de manière décalée et rafraichissante. Il collabore à OWNImusic de manière régulière.

La prophétie annonce que 2010 sera la décennie de la Gloire Nouvelle de la nuit française. Pendant que certains valeureux s’activent côté institutionnel et médiatique, d’autres agissent sur le terrain et proposent enfin des évènements pour la génération New Clubbing. Rencontre avec Davy, tout feu tout flamme, oeil coquin et moue boudeuse en sus.

Davy, tu as créé Rewind (organisation de soirées, booking) et tu es une des figures du clubbing parisien, avec des évènements qui animent des clubs de plus en plus nombreux. Batofar, Nouveau Casino, GlazArt et bientôt La Machine du Moulin Rouge. Peux-tu présenter précisément ces soirées ?

Nous avons trois concepts de soirées très distincts. Il y a les All Naked que l’on retrouve maintenant exclusivement au Batofar avec un style plutôt dirty, fidget (le côté sale de l’electro) avec des artistes tel que Gigi Barocco, Mightyfools, Toxic Avenger… et avec un coté booty puisque de nombreux groupes de Hip Hop participent à ces soirées (Da Krew, Comic strip, Gerard Baste, Panpan Master…).

Les soirées I Wanna Lick It ont lieu au Nouveau Casino. Le style est plus dutch / break / tropicale avec de grand producteurs de la scène electro mondiale tel que Miles Dyson, Sound of Stereo ou Will Bailey, des line-ups plus pointilleux pour une musique qui regroupe aussi tout le style underground du clubbing parisien.

Nous avons aussi les soirées Trash’n’Dirty qui se déroulent notamment à GlazArt. Nous privilégions plus la scène sur ces soirées, avec des groupes tel que Silvouplay ou Dick Lorentz, avec souvent des performances au rendez-vous et un gros spectacle live.

Concernant la soirée de La Machine c’est un projet totalement différent. Nous sommes trois associations réunies : Rewind, Bang Gang et Bass Society. Nous regroupons l’ensemble de la bass music sur 3 dancefloors avec les différents style de l’électro du moment, associés à la drum’n'bass et au dubstep !

Qu’est-ce que tu promets au public qui viendra à La Machine ? Tu vas faire quoi pour que cette soirée soit mortelle et déchiratoire ?

Je lui promets une soirée pleine ! Un programme choux, jambon, pommes de terres, poitrine de porc : une vraie choucroute de l’electro !

Du beat en veux tu en voilà sur tout les styles de la bass music, qui fera trembler les murs et pas mal de surprises. Notamment visuellement sur le mainstage avec une installation scénographique de Mosquito Massala et surtout Mightyfools qui nous reviennent de la Hollande avec leur énergie (l’autre pays du fromage et sûrement un des premiers de l’electro). Aussi en dubstep les talentueux anglais Kromestar et Sukh Night ! Une salle de la chaufferie qui va faire transpirer la drum’n'bass avec notamment Ez-Rollers et DJ Panik. Et le bar à bulles Booty, Trash et Fidget en haut avec tout le gratin parisien de différentes organisations, notamment Captain Cadillac des Booty Call, Nostromo des Rewind, Hybu des Bass Society et nombreuses surprises ! C’est une soirée qui va tacher !

Essentiel que les gens s’amusent

Tu travailles hors de Paris également. Où précisément et comment vas-tu étendre ton activité dans les mois qui viennent ?

En effet, nous avons déjà eu plusieurs expériences notamment dans le sud de la France, dans l’est et un peu partout en fait. Pas mal de projets sont en cours sur différentes villes et salles. Nous avons déjà fait pas mal de soirées sur Toulouse, Perpignan, Dijon. Pour le reste vous le saurez très bientôt !

Nous partons aussi sur plusieurs soirées en Belgique notamment à Liège le 20 novembre. Nous avons à grand coeur de souvent travailler avec les belges, très actifs sur la scène électronique, souvent invités dans nos soirées !

Ton top 5 albums, tous genres confondus ?
Rage Against The Machine – “Evil Empire” ; Phoenix – “Wolfgang Amadeus” ; Mano Negra – “Casa Babylon” ; Bérurier Noir – « Viva Bertaga » ; Svinkels – « Tapis Rouge »

Quel est ton rêve d’organisateur d’évènements ? Ta soirée idéale ?

Mon rêve est déjà de pouvoir en vivre et surtout de durer, et ce n’est pas forcément chose facile de nos jours avec toutes les contraintes que l’on nous met dans les pieds. Il est pourtant essentiel dans une société que les gens s’amusent, se défoulent et puisse jouir de la musique et de la fête. On nous parque et canalise dans certains lieux qui eux-mêmes sont souvent menacés… La France à réellement un cran de retard sur d’autres pays comme la Hollande, la Belgique ou l’Allemagne … et ça se ressent aussi sur les soirées …

Sinon la soirée idéale … Je pense qu’elle n’existe pas ou si elle existe tu dois vite te faire chier, c’est souvent emmerdant quand c’est trop parfait ! Ou alors il faut beaucoup d’alcool !

Tu expliques : “Mon rêve est déjà de pouvoir en vivre et surtout de durer, et ce n’est pas forcément chose facile de nos jours avec toutes les contraintes que l’on nous met dans les pieds”. Est-ce que tu peux donner des détails à ce sujet ?

Ca va de la petite soirée en bar à la soirée en club ou Zénith … Je prendrai d’abord l’exemple des bars avec l’interdiction de fumer , les gens fument dehors , ça fait du bruit , ça dérange et ça compromet ce genre de soirées … En club il y a beaucoup de deals non équitables au vu du travail fait par les associations, certaines combines pas toujours honnêtes , des points de détail qui se durcissent et qui coûtent cher à l’organisateur alors que cela ne coûterait presque rien au club … Et pour les grosses soirées des soucis type sécurité dérisoire et prix exorbitants qui souvent empêchent les autorisations pour organiser… L’electro reste encore le vilain petit canard de la scène française et nombreux sont ceux qui voient la musique et le public d’un très mauvais œil, ce qui n’aide rien à la développer. Que ce soit venant des professionnels, les politiques ou le public.

Le problème #1 de la France

Sur quels points la France est-elle en retard et quelles sont les conséquences ? Quelles sont les solutions ?

La France est en retard sur le professionnalisme, la fréquence et surtout la fréquentation des événements. On peut voir de nombreux français partir régulièrement tous les weekends dans ces pays pour faire la fête … On voit peu d’allemands ou hollandais venir faire la fête en France. C’est dommage car une ville comme Paris à les capacités et les moyens, ainsi que les lieux pour devenir une réelle capitale de l’electro mais hélas les problèmes dont j’ai parlé empêche notamment ce développement … Je ne sais pas si il y a des solutions à part faire évoluer les mentalités mais notre pays est très conservateur et n’aime pas trop les changements … Donner plus de moyens, plus d’ouverture et faire confiance à plusieurs organisations très compétentes pourrait déjà permettre des événements plus intéressants et originaux qui attireraient le public étranger (je pense a des festivals comme on voit en Hollande type Ground Zero, Q-Base, Dance Valley, etc … ). Des collaborations avec des pays étrangers genre bus/pack voyage… sur des soirées et une communication plus basée sur l’Europe que notre pays aussi … même si je pense que certains le font déjà.

Finalement, le problème #1 de la France, c’est les clubs pas gentils, le voisinage pas gentil, les politiques pas gentils, les prix pas gentils ?

Non ça c’est partout c’est le jeu ou le business comme on dit… Mais les pires pas gentils c’est en France !

Dans l’idéal, tu te professionnaliserais en devenant producteur d’évènements ? Comment souhaites-tu pérenniser ton activité ?

Oui, produire des événements notamment. Mais je travaille aussi beaucoup sur les bookings avec mon agence Rewind Bookings afin de développer notre terrain de jeu et nos DJ sur d’autres soirées et essayer au maximum de bouger de Paris aussi. Car je suis de province comme la plus part des personnes qui travaillent avec moi dans Rewind. Nous avons à grand coeur de faire partager notre musique et notre énergie dans les contrées les plus lointaines du pays, et même de l’Europe et l’agence de booking nous permet de pas mal voyager.

En pour durer je pense qu’il faut continuellement se renouveler et garder le fil comme un DJ doit toujours être à la page de la musique. Les soirées, les projets doivent évidemment rentrer aussi dans ce contexte ! Monter en puissance aussi en proposant des événements et des concepts toujours plus novateurs car le public se lasse vite de nos jours et surtout encore et toujours garder la pêche !

Beaucoup de sous-genres electro sont apparus ces dernières années. Fidget, dirty, booty,… Selon toi, quelle tendance faut-il suivre ?

C’est plus des tendances que des styles, tout évolue tellement vite. C’est un courant musical du moment et je pense qu’on peut tout regrouper dans l’electro . On peut ajouter à ça le grime, le trash, la dutch, la tropicale, etc … Et dans un an on trouvera d’autres noms et d’autres styles. Ils se mélangent même des fois dans un seul morceau… Les gens viennent pour faire la fête et danser quel que soit le style, c’est dancefloor donc ça marche ! Mais personnellement je suis plus electro-rock et dirty !

Ton top 5 des tracks de musique électronique de tous les temps ?
Rolando – “Jaguar” ; Daft Punk – “Aerodynamic” ; Vitalic – “Poney Part 1” ; Bloody Beetroots – “Cornelius” ; Paul Kallbrenner – “Sky And Sand”

Tu as commencé dans le hardcore. Est-ce que le string de l’electro sent meilleur que le treillis du hardcore ? Autrement dit, qu’est-ce qui explique cette évolution ?

En fait j’ai commencé dans le rock bien avant le hardcore … Mais concernant le string il est aussi mouillé qu’un bon treillis dans le hardcore. Il sent peut être un peu moins fort, c’est tout.

En fait ce n’est pas une évolution c’est juste une histoire différente … Je pense avoir fait le tour dans le hardcore, trop de soirées, trop de projets, peu de considération et surtout très peu de salles en France dans lesquelles développer cette musique. Le style fait peur … Les soirées devenaient toutes les mêmes et en général j’aime aller en soirée pour faire la fête plutôt que voir des gens faire la gueule, ce n’est pas une généralité mais c’est ce que je retrouvais le plus souvent. Et heureusement ce n’est pas le cas partout. C’est pour ça que j’aimais aller retrouver ce coté hardcore dans d’autres pays comme la Hollande ou les gens savent faire la fête … Or ce coté festif que j’avais perdu avec le hardcore je l’ai retrouvé dans l’electro. Mais quelque part le hardcore c’est de l’electro. C’est juste une branche du grand arbre tout comme la branche dans laquelle je suis en ce moment … J’avais juste besoin de changer d’air en fait, la boucle était bouclée !

Après on peut retrouver dans la fidget les nappes du gabber type PCP avec un coté dance et house, dans le dirty on retrouve le sale du hardcore, avec dans chaque style un coté très dancefloor. C’est un peu pour ça aussi que le hardcore m’a naturellement amené à l’electro, comme pas mal de DJ en fait aujourd’hui.

Incroyable festival en plein Paris

Comment expliques-tu l’importance du public féminin dans les soirées ? Tu fais quoi pour attirer les filles dans tes soirées ?

C’est simple qui dit fille dit mecs… Personnellement ça m’est complètement égal du moment que les gens s’amusent. Mais hélas pour un club il est vrai que pour son image et l’ambiance il faut un équilibre des sexes, même si les filles peuvent rentrer souvent sans mecs … le contraire c’est plus rare…

Mais elles sont souvent plus expressives sur un dancefloor, souvent décadentes et sexy. Ca chauffe l’ambiance et la soirée. Et même si elles sont ridicules au moins on se marre et c’est toujours ça de pris ! Un strip-tease d’un mec par exemple complètement bourré avec la raie du cul et les poils qui dépassent, ça fait tout de suite moins vendeur, même si moi ça me fait bien marrer aussi ! Et pour attirer les filles … Je mets du Axe…

Imagine ton festival de musique électronique parisien rêvé…

Une “Dance Valley” parisienne du coté de Vincennes, le Parc de la Villette ou le Parc de Saint-Cloud sur une semaine avec différentes salles et scènes regroupant tout les styles du moment de l’underground avec spectacles de rue… Le Parc de la Villette serait génial pour ça, avec toute les salles et l’espace vert il y aurait vraiment moyen de faire un incroyable festival en plein Paris, avec de la nature en plus de ça ! En plus c’est à coté de chez moi … ça fait rêver !

Ton top 5 de DJs favoris ?

En hip hop / electro je suis un gros fan de DJ Pone depuis toujours par sa technique, son originalité et son jeu de scène, son coté rock aussi. C’est pour moi l’un des meilleurs depuis l’âge d’or des Svinkels…

J’ai toujours aussi été très impressionné aussi par AK47, il a souvent osé et innové mêlant différents styles dans le hardcore en passant par la jungle, le hip hop, etc…

Sinon j’adore beaucoup aussi Elite Force aka Zodiac Cartel qui joue plutôt breakbeat, qui a vraiment une puissance incomparable. Je l’ai découvert il y a pas longtemps sur un mix 3 platines mêlant beaucoup de genres et j’ai vraiment pris une grosse claque !

Et forcément il y va y avoir 2 DJ de mon crew. DJ Ecarat car c’est réellement un véritable boulimique de tracks, un des seuls sûrement qui est autant à la pointe de l’actualité musicale en France sur un style electro allant de la dutch à la fidget et bien d’autre styles.

Le deuxième serait DJ Nostromo qui a une technique hors pair, pour moi l’un des plus confirmés et efficace sur un dancefloor à l’heure actuelle, que se soit sur un style minimal/techno ou fidget/dirty. Il a un grand pouvoir sur la scène, bref dj c’est un métier et ces deux là savent travailler !

Article initialement publié sur le blog Culture DJ

Crédits photos : Rewind.

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